EXCLUSIF — Détaillants et consommateurs EXCLUS de la consultation ministérielle sur le vapotage

S’agit-il d’une consultation ou d’un lynchage? D’une réflexion ou d’un acte d’accusation? D’un groupe d’intervention ou d’un peloton d’exécution?

À vous de juger!

En effet, DepQuébec a obtenu en exclusivité, via la loi d’accès à l’information, des détails précis sur la composition, le mandat et l’agenda du fameux « Groupe spécial d’intervention (GSI) » sur le vapotage mis sur pied par la ministre de la Santé, Danielle McCann, à l’automne dernier et dont la mission consiste à “recommander de nouvelles mesures législatives et réglementaires” (voir ici) dès le mois d’avril sur le vapotage au Québec, pourtant l’une des provinces les plus sévères à son égard.

Or, les 45 pages de documentation obtenues sur le GSI (cliquez ici pour les obtenir) confirment le fait troublant et déplorable que les consommateurs, détaillants et l’industrie dans son ensemble ont été sciemment écartés du processus pour se retrouver sans voix aucune quant à l’avenir de l’environnement réglementaire du vapotage au Québec — qu’il s’agisse du taux de nicotine, des normes du produit, de sa promotion ou encore de sa mise en vente — une décision arbitraire des autorités de santé publique du MSSS sur la foi d’un alarmisme gonflé à bloc visant visiblement à museler toute résistance.

Et tout laisse présager que les conclusions de ce groupe sont déjà cousues de fil blanc et qu’elles comprendront, fort possiblement, les pires mesures de prohibition qui soient comme par exemple, l’interdiction de la vente libre de produits de vapotage (dépanneur et boutiques spécialisées) sauf en pharmacie où ils seront accessibles sur ordonnance seulement et ce, si l’on se fie à une source gouvernementale mystérieuse citée par le quotidien La Presse du 25 novembre à qui l’on a choisi de couler la nouvelle.

Des interdits que les données probantes ne justifient en rien mais qui trahissent la compulsion vorace des ayatollahs de la santé à profiter de la tempête parfaite qui affecte le marché du vapotage pour frapper vite et fort pendant qu’ils le peuvent afin de restreindre sa disponibilité légale au maximum et à tout jamais.

Comme si à l’ère du commerce électronique, l’État avait le pouvoir et la capacité de contrôler l’accès de ces produits aux consommateurs… et en particulier des jeunes!

groupe d'intervention vapotage
CLUB PRIVÉ DE LA PROHIBITION: N’ENTRE PAS QUI VEUT! Le Groupe spécial d’intervention sur le vapotage mis sur pied par le MSSS en novembre dernier a sciemment écarté l’industrie, les détaillants, les consommateurs de même que les associations qui les représentent et ce, afin d’avoir les coudées franches pour s’entendre sans réel débat sur les pires mesures prohibitionnistes qui soient (cliquez ici pour obtenir la liste des participants avec leur courriel). Les associations de vapotage avaient pourtant naïvement accueilli l’initiative avec enthousiasme et ouverture et exprimé le souhait d’y participer. Et sachant que même la Cour supérieure, l’an dernier, leur a donné raison en invalidant plusieurs articles jugés abusifs et excessifs de sa loi sur le tabac, il est d’emblée acquis que leur éclairage aurait certes “nourri la réflexion” pour reprendre les termes de la ministre.
La Tour de Pise du vapotage

Tandis que le communiqué de la ministre McCann ouvrait timidement la porte à la participation “de divers partenaires (…) invités à nourrir la réflexion” (voir ici), la composition finale du groupe d’intervention ne laisse aucun doute quant au rejet absolu de cette bonne volonté.

Les documents obtenus en primeur par DepQuébec révèlent en effet que:

  • Le groupe est divisé en quatre sous-groupes: organismes, ministères, cliniciens (hôpitaux) et directeurs de la santé publique, le tout coordonné par une “cellule tactique” (personnel du MSSS);
  • Parmi les organismes, on note la présence des suspects habituels, soient la Société canadienne du cancer (SCC) et le Conseil québécois pour le tabac et la santé (CQTS) mais aucun représentant de l’industrie, des détaillants ou des consommateurs. Fort curieusement d’ailleurs, on note la cruelle absence de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) de même que celle de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT), les deux chantres du lobbying occulte au Québec créés, contrôlés et/ou financés jusqu’aux oreilles par le MSSS depuis 25 ans (curieuse façon de les remercier d’ailleurs pour leur travail de sape… seraient-ils rendus infréquentables?);
  • Pour ce qui est des ministères, on en retrouve trois, soit Finances, Éducation et Secrétariat à la jeunesse. Étrangement, aucun représentant de Sécurité publique, ce qui montre bien le peu de préoccupation réelle — malgré ce qu’on en dit — envers les risques de contrebande dans la foulée des mesures de prohibition envisagées;
  • Enfin, le volet des cliniciens comprend des directeurs de santé publique et des professionnels de la santé oeuvrant dans divers hôpitaux et cliniques.

Composé exclusivement de gens qui penchent du même bord, ce groupe est donc la parfaite incarnation de la Tour de Pise pour paraphraser Maurice Duplessis. Mais ce n’est pas tout!

On ne badine pas avec M. Arruda

Dès le départ, celui à qui l’on a confié les rênes de ce groupe, l’ineffable Horacio Arruda, directeur national de la santé publique et grand argentier du lobbying occulte (voir ici), n’a pas fait grand mystère de ses ambitions à tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge et dépasse dans le commerce légal du vapotage au Québec.

“Moi je pense qu’aucun scénario n’est exclus. On va voir les effets des interdictions parce qu’il y a création des fois d’un marché parallèle qui s’installe, ce sont des questions qu’on va poser.” – Horacio Arruda, Radio-Canada, 25 novembre 2019

Bref, on entend interdire tout, tout, tout sauf si, éventuellement, cela pourrait avoir pour effet de rendre la situation pire qu’elle est (mais bonne chance à celui ou celle qui tentera de le convaincre de cette possibilité).

Les idées de M. Arruda étant bien arrêtées, ce dernier ne se gênera surtout pas de les imposer au Groupe pourtant déjà fort homogène qu’il a formé et on décode très bien, à ce chapitre, qu’il ne fera pas dans la dentelle.

C’est ainsi qu’il faut lire cette multitude de consignes destinées aux participants qui, on le comprend bien, envoie le message très clair de ne pas faire obstacle au rouleau compresseur de sa direction:

  • Respecter le principe de consensus, soit un “accord général caractérisé par l’absence d’opposition ferme”;
  • Se prononcer uniquement sur des fiches synthèse qui leur seront distribués avant les rencontres, et rien d’autre;
  • S’exprimer sur les fiches, demander des clarifications, bonifier, suggérer des ajustements, participer à la discussion et à la synthèse, voilà tout.

Autrement dit, PERSONNE n’a d’autorité pour apporter un sujet ou un point sur la table qui n’y est pas déjà, ou donc qui n’a pas déjà l’aval et la signature de M. Arruda lui-même.

De plus, le groupe ne se réunira pas tous ensemble (mis à part une conférence téléphonique d’introduction), mais bien en sous-groupes, de sorte que les cliniciens, les ministères et les ONG ne pourront qu’échanger entre eux seulement. Seul le “groupe tactique” fera le lien entre les différentes interventions, soit des conditions parfaites pour se prêter à toutes sortes de manoeuvres de coulisse.

Et gare à celui ou celle qui voudrait dévier de cette trajectoire finement tracée car il pourrait très bien alors recourir à un juron de son cru comme il en a fait l’éloquente et spectaculaire démonstration dans un point de presse récent sur le coronavirus.

horacio arruda
LA PEUR, C’EST BON POUR LE VAPOTAGE MAIS PAS POUR LE CORONAVIRUS. “La peur, ‘a fait faire des affaires qui ont pas de crisse de bon sens”, a déclaré M. Arruda dans un fameux point de presse du 30 janvier dernier sur le coronavirus. Des affaires comme vouloir interdire la vente de vapotage en dépanneur, peut-être?
Les groupes pas surpris

Un rapide tour d’horizon des groupes et associations de l’industrie a permis de constater à quel point personne ou presque n’est surpris de la tournure des événements compte tenu de la mentalité moraliste et paternaliste de la CAQ pour tout ce qui a trait aux enjeux de santé publique (cannabis, tabac, vapotage et autres). Pour ce qui est d’espérer voir la CAQ tempérer quelque peu les ardeurs prohibitionnistes de la santé publique, c’est peine perdue. Ils ont bien d’autres préoccupations et comme la plupart des politiciens, ils s’en lavent les mains.

Mais alors qu’un peu d’analyse rigoureuse serait grandement requise dans le présent contexte, le MSSS presse le bouton panique à répétition et multiplie les superlatifs alarmistes comme carburant à son rouleau compresseur. Tout à fait l’inverse, en somme, de son attitude dans le dossier du coronavirus. Tant pis pour la cohérence, l’important étant d’atteindre les buts visés.

Et tandis que des échanges avec l’industrie s’avéreraient fructueux, notamment sur la question de la vente de produits en ligne, du vapotage de cannabis et du marché noir, le gouvernement ne veut rien savoir car les choses sur lesquelles il n’a aucun contrôle ne l’intéresse pas. Les détaillants, en revanche, ne peuvent se sauver en Ontario sur leurs deux pattes: ils sont fixés au sol. Il est dès lors bien commode — et facile — de leur taper dessus.

N’en jetez plus, la cour est pleine

Ce que les prohibitionnistes ignorent toutefois est le fait qu’ils tirent sur une ambulance. En effet, dans la foulée des reportages médiatiques alarmants sur les décès liés au vapotage aux États-Unis, un vent de glace s’est abattu sur le marché du vapotage ici même, au Canada.

Évalué à 429 M$ au Canada et rejoignant 1,1 million de consommateurs selon la firme EcigIntelligence, ce marché était considéré en forte progression jusqu’à l’éclosion de cas de maladies pulmonaires aux États-Unis. Depuis, les 1300 boutiques de vapotage au pays ont enregistré une baisse significative des ventes, certains parlant même de baisses de l’ordre de 50% à 60%.

Tout cela alors qu’il s’avère de plus en plus que les cas problématiques de santé sont pour la vaste majorité reliés au marché noir et à la consommation de cannabis, deux facteurs qui militent pour un renforcement du marché légal comme cela se fait en Angleterre et non sa prohibition tel que souhaité par Québec.

En s’attaquant au vapotage, le MSSS s’attaque en fait à l’industrie québécoise de l’offre légale (boutiques et dépanneurs). L’industrie mondiale, pour sa part, continuera d’échapper à son emprise et de rendre disponible ces produits aux jeunes et adultes via Internet avec, en moins, les conseils et l’assistance de professionnels pour les guider à faire des choix éclairés et sécuritaires.

Reste que l’avenir à long terme du marché légal du vapotage au Québec, ne nous le cachons pas, est littéralement en train de se décider par une petite élite assoiffée de réprimer, interdire, restreindre et prohiber les choix d’adultes québécois sous toutes les formes possibles et imaginables et ce, par pur penchant idéologique.

Cette infantilisation manifeste des consommateurs est inacceptable tout comme la mise au rancart de ceux et celles qui — consommateurs ou commerçants — seront directement affectés par les dictats éhontés de ces “curés fonctionnaires” pour reprendre l’expression de Pierre Foglia.

Et à défaut de pouvoir s’y opposer, il est important et essentiel de les dénoncer haut et fort.

vapotage angleterre
Sont-ils vraiment si irresponsables, en Angleterre (voir photo), de permettre la vente légale et contrôlée du vapotage ou au contraire, intelligents de tirer profit de cette alternative moins risquée au tabac? Nous optons pour la seconde proposition.

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