EXCLUSIF : Éclosion record de 66 cas de Covid-19 dans les supermarchés la semaine dernière

Les grandes surfaces alimentaires font peut-être des affaires d’or en raison de la Covid-19 mais en contrepartie, les conditions d’affaires et d’exploitation de ces magasins n’auront jamais été aussi difficiles, éreintantes et risquées et ce, en particulier pour les employés dangereusement exposés au coronavirus et qui ont travaillé sans masque pour la plupart jusqu’à la fin avril.

Ainsi, le nombre de cas confirmés de Covid-19 dans les supermarchés du Québec n’a cessé de se renforcer depuis un mois à travers le Québec pour connaître une véritable explosion la semaine dernière si l’on se fie aux données les plus récentes fournies par les trois grandes chaînes d’alimentation au Québec ainsi qu’aux informations diffusées par des tiers crédibles concernant des chaînes peu loquaces comme par exemple Costco.

En effet, selon une compilation exclusive effectuée par DepQuébec, il y aurait eu 66 cas confirmés de Covid-19 la semaine dernière seulement (du 19 au 25 avril 2020) parmi les employés des quatre grandes chaînes alimentaires au Québec, soit plus du double de la moyenne de 25 cas par semaine constatée depuis le début de la pandémie vers la mi-mars, un record.

Et si l’on constate, de manière générale, un plus grand nombre de cas depuis le 5 avril, quatre éclosions importantes se sont produites la semaine dernière dans des magasins de grandes surfaces dont trois IGA (à Lévis et en Gaspésie) ainsi qu’un Costco à Drummondville, totalisant à eux seuls une quarantaine de cas qui sont venus gonfler les statistiques d’une semaine hors-norme comme on peut le voir au graphique suivant.

covid-19 en supermarchés
Selon les données colligées par DepQuébec, le nombre de cas de Covid-19 dans quatre grandes surfaces alimentaires a littéralement explosé la semaine dernière avec 66 cas recensés, soit plus du double de la moyenne enregistrée au cours des trois semaines précédentes. Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Sources : ici, ici et ici. Note : nous n’avons pas tenu compte des cas hors-magasin

Cet échantillonnage englobe environ 850 supermarchés mais n’inclut pas les 75 Supercentre Walmart, les 400 succursales de la SAQ, les 1,200 pharmacies de diverses bannières à travers le Québec ainsi que les 1000 épiceries et 5,500 dépanneurs. Il s’agit donc d’un portrait très partiel de la situation réelle de la contagion en épicerie et en commerce de détail essentiel mais possiblement fort représentatif de l’ensemble du réseau et de ce qui se passe sur le terrain.

En effet, la Covid-19 semble n’avoir épargné aucun commerce, petits et grands. La SAQ a dévoilé ici que sept de ses employés en succursale ont été touchés et pour ce qui est des pharmacies, on sait par Loblaw (voir ici) qu’en date du 9 avril, 12 cas d’employés avaient été déclarés dans leur réseau.

Ces données rejoignent ce qu’on voit se produire ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis où selon le Washington Post (voir ici), une quarantaine de travailleurs du commerce de détail seraient déjà décédés des suites de la Covid-19 attrapée au contact de collègues ou de clients.

Les épiceries frappées de plein fouet

Les statistiques fournies par les trois géants de l’alimentation indiquent qu’ils ont tous été frappés durement par le coronavirus, en particulier depuis avril. Et si Sobeys-IGA semble avoir pâti plus que d’autres avec le double de cas, c’est possiblement seulement une question de malchance puisque la grande différence en chiffre (du simple au double) tient à seulement deux ou trois magasins victimes d’une éclosion grave et ce, sur un total de près de 300 grandes surfaces exploitées par la chaîne basée à Stellarton, en Nouvelle-Écosse.

cas de covid-19
La semaine du 19 au 25 avril est de loin la pire pour les géants de l’alimentation sur le plan des cas confirmés avec un total de 66. Chaque magasin touché, en effet, doit alors suivre une protocole sévère de désinfection et de mise en quarantaine des employés touchés ou ayant côtoyé ceux touchés et ce, avant de pouvoir réouvrir et poursuivre les opérations.
Metro pas sortie du bois

Or, même si elle semble mieux se tirer d’affaires ces dernières semaines avec seulement sept cas rapportés, Metro a eu son lot d’ennuis lorsqu’un de ses franchisés à Saint-Alphonse-Rodriguez a eu la mauvaise idée de se présenter à son magasin alors qu’il devait se trouver en quarantaine et, en plus, d’inviter des employés chez lui. La société a dû intervenir sur le champ pour rétablir la confiance parmi la population en mettant le magasin en tutelle et en procédant à sa désinfection immédiate.

Pour ce qui est de Loblaw (Provigo et Maxi), le nombre de magasins touchés semble s’accroître dernièrement. Quant à Costco et à Walmart, tous deux ont eu à fermer des magasins pour cause de désinfection dans la foulée de cas avérés de Covid-19. C’est le cas pour Costco à Vaudreuil-Dorion et à Drummondville et pour Walmart, à Joliette et Sherbrooke notamment. Envers et contre les directives gouvernementales, ces entreprises ont choisi, par ailleurs, de ne rien communiquer ouvertement à la clientèle ni aux médias, contribuant à créer un climat de suspicion qui n’a rien fait, en outre, pour empêcher la nouvelle de sortir quand même.

Québec exposé à des recours?

Face à la multitude de cas en épicerie, il est difficile de ne pas faire de liens entre cette perte de contrôle la semaine dernière et le virage gênant et humiliant à 180 degrés effectué par Horacio Arruda durant la même semaine sur la question du port du masque.

arruda - masque
Cette décision malavisée et complètement insensée de déconseiller le port du masque en début de pandémie (19 mars 2020) tout en forçant des milliers de travailleurs en épicerie à travailler en public et à s’exposer au virus pourrait éventuellement valoir au gouvernement une pluie de recours juridiques dans les mois et années à venir et possiblement coûter une fortune aux contribuables.

Comme nous l’avons mentionné dans un article précédent (voir ici), les autorités de Santé publique au Québec ont véritablement erré en déconseillant le port du masque par tout autre personne que les professionnels de la santé, estimant que les mesures de distanciation sociale et le lavage fréquent des mains étaient préférables et suffisantes.

Or, depuis plusieurs semaines, les faits tout autant que les autorités de santé publique à travers le monde ont relégué cette position aux oubliettes et fait en sorte que tous, au Canada et ailleurs, se sont mis à insister sur le port du masque, Horacio Arruda étant le dernier à faire et à changer de cap… après une semaine record de cas dans les supermarchés.

Il reste que pour les employés des épiceries, l’orgueil de M. Arruda est le dernier de leurs soucis. Pour eux, le mal est fait puisqu’ils ont travaillé avec le public pendant plus de six semaines au pire de la pandémie, sans masque, dans un espace clos et confiné qui, certes, jouissait de plusieurs mesures d’atténuation mais sans le précieux masque dont on sait aujourd’hui qu’il est quasiment incontournable si on n’a pas le choix de s’exposer pour empêcher la propagation du virus.

Les grandes chaînes, pour leur part, n’ont fait qu’obéir aux consignes évolutives de la Santé publique de sorte que si des employés infectés, collectivement ou individuellement, choisissaient de traîner leur employeur devant les tribunaux, ce sera ultimement à Québec de répondre de ses actes pour avoir induit l’industrie en erreur et déconseillant dès le départ le port du masque.

De quoi nourrir une armée d’avocats pendant des années mais surtout, de quoi réfléchir pour les professeurs du niveau primaire appelés à retourner au travail la semaine prochaine sans la moindre bride de protection.

Voyez les résultats : travailler sans masque est à vos risques et périls. Vous aurez été avertis.

revue de presse covid épicerie
Tout laisse croire que les autorités de Santé publique ont cru à tort pouvoir protéger les employés des épiceries sans recourir au port du masque pour se raviser par la suite face à l’hécatombe de la contagion en cours.

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