IGA Express : Wow!… mais sont-ils rentables?
Pour voir un dépanneur WOW, allez dans l’un des 20 IGA Express au Québec.
WOW!… C’est le mot juste pour décrire l’expérience de magasinage offerte dans cet établissement.
Quel beau dépanneur! Spectaculaire, garni, moderne, propre, bien éclairé, à l’avant-garde, aux belles couleurs chics et esthétiques sur chacun de ses 4 000 pieds carrés.
C’est si impressionnant qu’on se demande si Sobeys n’en fait pas un peu trop, d’où la question : sont-ils rentables?
Mais jetons d’abord un oeil sur cette merveille du détail qui vous donne envie de tout acheter.
À vrai dire, cet aménagement de qualité est tellement fort que cela semble trop beau pour être vrai. Cela nous amène à mettre en doute la rentabilité du concept.
D’abord, c’est un peu la faute de Sobeys car dans l’enthousiasme du lancement de cette bannière, en 2013, ses représentants ont déclaré vouloir en ouvrir de 50 à 60 « d’ici cinq ans ». Or, quatre ans plus tard, la chaîne n’en compte que 20.
Si le concept était très rentable, on s’attendrait à ce qu’il y en ait davantage. C’est donc un signe que quelque chose accroche.
Diverses sources de l’industrie nous ont par ailleurs confié que la gestion de ces magasins, sous forme de franchise, est très lourde car étroitement contrôlée par la maison mère qui tient mordicus à en préserver la pureté du concept, ce qui requiert énormément de temps et d’investissement de la part du franchisé. Cela se sentait dans le magasin visité, car même un dimanche, tout était irréprochable sur le plan de la tenue, de l’inventaire et de la propreté.
Enfin, miser sur le prêt-à-manger est certes tendance et les marges sont bonnes, mais cela demeure une catégorie très difficile à rentabiliser. Les pertes peuvent être énormes.
Aussi, est-ce une bonne idée d’avoir baptisé ces magasins IGA et non pas leur donner une nouvelle marque distinctive? Les gourous mondiaux du marketing que sont Al Ries et Jack Trout ont toujours mis en garde les entreprises contre ce qu’ils appellent « la trappe de l’étirement de la marque » (brand extension trap) qui fait en sorte que la marque IGA, qui signifie supermarché, perd de sa cohérence si on lui accole d’autres catégories comme « dépanneur ». Et pourquoi diable en avoir nommé certains « Mini » et d’autres « Express »?
En conclusion, IGA Express est un concept absolument magnifique pour le consommateur, car très généreux et attrayant, mais peut-être pas autant pour les profits du détaillant, sachant à quel point le marché est sans pitié pour ce qui est de la rentabilité.
C’est l’impression que nous gardons de cette visite mais tant mieux si la suite des choses ne nous donne pas raison!
Bravo à tout le moins à Sobeys pour une innovation semblable. La chaîne est tout à fait justifiée de s’enorgueillir de son oeuvre : elle est superbe!
Reste à voir si elle va réellement se répandre ou plutôt rester marginale.