EXCLUSIF: La pandémie a fait grimper la demande de permis d’épicerie pour la 1ère fois en 16 ans!
Voici une bonne nouvelle pour les grands et petits brasseurs, les négociants de vin en vrac, les manufacturiers de boissons maltées de même que les vignobles québécois dans la mesure où plus il y a de détaillants d’alcool pour écouler leurs produits, mieux c’est.
En effet, DepQuébec a appris en exclusivité auprès de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) que les demandes de permis de vente d’alcool pour épiceries et dépanneurs — appelés communément “permis d’épicerie” — ont littéralement explosé l’année dernière et ce, après 16 années consécutives de déclin, rien de moins!
Comme on peut le constater sur le graphique suivant, le Québec a connu en 2020 sa première hausse des demandes de permis d’épicerie depuis 2004, année ou l’on dénombrait 8472 établissements habilités à vendre de l’alcool au détail, un chiffre qui a fondu chaque année depuis pour s’établir à un maigre 7268 l’an dernier.
Or, en date d’aujourd’hui et selon des estimations brutes à jauger avec prudence, le Québec aurait enregistré l’an dernier tout près de 200 demandes additionnelles de permis (ou 193 précisément) comparativement à l’exercice précédent de la RACJ, pour un total à jour estimé de 7461.
Un déplacement de l’offre lié au confinement
Il faudra patienter encore quelques mois pour connaître les chiffres exacts de la RACJ. Toutefois, cette dernière n’a pas hésité à confirmer dès maintenant la hausse exceptionnelle et spectaculaire des demandes de permis d’épicerie en 2020, année de la pandémie.
“Le secteur des opérations en alcool confirme qu’effectivement, il y a eu une forte augmentation des demandes de permis d’épicerie l’an dernier.” — Joyce Tremblay, avocate et porte-parole de la RACJ, dans un courriel à DepQuébec
Or, il est plutôt aisé de comprendre l’origine d’un tel phénomène quand on connaît la façon dont l’alcool est distribué au Québec.
Chez nous, les consommateurs peuvent se procurer de l’alcool en s’abreuvant à trois grandes sources:
- La SAQ et son réseau de magasins et d’agence, qui jouit d’un monopole total comme grossiste en vins et spiritueux et comme détaillant sur la plupart des produits d’appellation contrôlée.
- Les épiceries et dépanneurs qui sont relegués, pour leur part, aux vins embouteillés en vrac au Québec en plus toutefois de pouvoir écouler de la bière et des boissons maltées. Ils peuvent livrer aussi mais directement, sans passer par un tiers, et juste dans leur ville.
- Les restaurants et les bars, enfin, qui peuvent vendre de l’alcool sur place (sans manger maintenant) ou via une livraison pour ce qui est des restaurants.
Ainsi donc, la fermeture prolongée des bars et des salles à manger de restaurant au printemps et à l’automne a fermé le robinet sur un volume important de points de vente d’alcool, détournant les consommateurs vers les épiceries et dépanneurs ainsi que la SAQ et ce, d’autant plus que les bars et restaurants représentent la part de lion du réseau.
Un secteur affecté, l’autre pas
Les périodes de confinement imposées par le gouvernement Legault au printemps et à l’automne ont eu un impact majeur sur les recettes du secteur des bars et de la restauration, comme on le voit au tableau suivant.
En comparaison, l’impact du confinement pour les dépanneurs et supermarchés a été positif sur le plan des ventes et ce, dans tout le Canada comme le démontre le tableau suivant.
Enfin, les seuls à avoir pâti dans le réseau des dépanneurs sont les stations-service (2500 au Québec) qui, avec la baisse des ventes d’essence, ont dû accuser un sévère contrecoup aux niveaux des recettes.
Des gagnants et des perdants
En somme, comme on le savait tous, la pandémie a fait des perdants mais aussi des gagnants parmi lesquels les dépanneurs, épiceries et supermarchés font partie.
Et parce qu’ils offrent un service absolument essentiel à la population, leur ouverture est garantie peu importe les conditions de crise que pourrait traverser la société.
Sans doute que pour plusieurs entrepreneurs, c’est une assez bonne raison pour privilégier ce secteur et vouloir y investir.
L’expérience de devoir fermer un magasin sans savoir quand il pourra rouvrir est une épreuve suffisamment pénible pour en convaincre plusieurs d’opter pour un secteur plus sûr.
Et tant qu’on ne voit pas la lumière au bout du tunnel de la pandémie, le secteur des dépanneurs et épiceries continuera sans doute d’être recherché.
Mais au-delà, compte-tenu des conditions d’affaires très exigeantes du secteur et de la sur-réglementation dont il fait l’objet, il est fort douteux que cette hausse se maintienne et c’est la tendance au déclin qui risque fort de revenir prendre sa place.
Et maintenant qu’ils réalisent à quel point ce réseau est essentiel, les gouvernements devraient en prendre note et renforcer leur volonté politique à assouplir la réglementation et la fiscalité du secteur.
En commençant notamment par réduire les frais de carte de crédit, tiens!