Le Québec très chanceux d’avoir au moins deux esprits éclairés au pouvoir

Dans une société complexe comme la nôtre, hypermédiatisée et traversée par d’âpres luttes de pouvoir, il est facile de céder à la surdose émotive et la surenchère parabolique, au point d’en oublier carrément la raison.

Prenez par exemple le dossier de la légalisation de la marijuana. Le gouvernement fédéral ne libéralise pas parce que c’est un bon produit pour les jeunes, au contraire, mais bien parce que sa prohibition a misérablement échoué : le produit fait déjà des ravages partout, il est largement disponible dans la population et entièrement dans les mains des groupes criminalisés. Bref, une situation perdante à tous points de vue.

Le fait d’en permettre la vente légale vise à enlever ce marché aux bandits. Mais pour ce faire, il faut les concurrencer efficacement, à savoir l’offrir raisonnablement partout et à prix concurrentiels. Est-ce si difficile à comprendre?

On se pose la question car la majorité des acteurs politiques ne semblent pas saisir cette équation simple, à voir le nombre qui cèdent sous les chants de sirène des lobbys subventionnés de la pureté hygiénique qui sont devenus les ligues modernes de tempérance.

Ces derniers répètent à outrance : « le cannabis est terrible, il donne des psychoses, il ruine notre jeunesse! » Solution : on n’a peut-être pas le choix de le rendre légal, mais vendons-le dans un nombre restreint de points de vente et le plus cher possible en confiant le tout à la SAQ.

Voilà ce que l’émotion fait faire : exactement l’opposé de ce qu’il convient de faire et pour les mauvaises raisons.

Mais le pire, c’est que ça marche!

À preuve, le Parti québécois dont la position officielle adoptée récemment recommande exactement cela.

Mais pire encore, voire totalement inattendu : même la CAQ, ce parti soi-disant de centre-droit, sort une position similaire, mais encore plus hystérique que celle du PQ. Incroyable!

Opposée à la légalisation du cannabis, la Coalition avenir Québec promet d’en réduire au maximum la consommation. «On veut que le Québec adopte la ligne dure», a souligné le député caquiste Simon Jolin-Barrette en conférence de presse. – Denis Lessard, La Presse

Aux yeux de la CAQ, les Québécois adultes sont bien trop bêtes, insignifiants et stupides pour qu’on prenne le risque de vendre du cannabis légalement. Ils vont tous devenir drogués, c’est sûr! Ils peuvent faire des enfants, s’acheter une maison, entreprendre une carrière, certes, mais choisir par eux-mêmes ce qui est bon ou non de mettre dans leur corps, ça non, oubliez ça!

Et dans ce magma de bêtises, que voit-on soudainement? Deux politiciens de raison et de lumière qui ressortent enfin du lot et qui donnent espoir envers l’avenir du Québec : Carlos Leitao, ministre des finances, et Martin Coiteux, ministre de la sécurité publique.

Dans un article publié vendredi dernier, le journaliste Denis Lessard de La Presse évoque les plus récentes discussions en cours au sein du conseil des ministres sur ce dossier :

Une question demeure ouverte : par quel canal de distribution le cannabis parviendra-t-il aux consommateurs? Ici, le gouvernement est plus partagé ; des pragmatiques comme Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique, et Carlos Leitão, ministre des Finances, sont d’avis que le secteur privé devrait se voir confier la vente au détail du pot. Québec, à partir de critères serrés d’intégrité, délivrerait des permis. Pas question de quotas de permis, toutefois; on ne veut pas rééditer l’erreur des permis de taxi, dont le nombre limité a fait grimper artificiellement leur valeur. Cette orientation est aussi celle privilégiée par le premier ministre Couillard, mais le gouvernement n’a pas encore tranché.  – Denis Lessard, La Presse

De telles interventions aussi avisées ne sont pas une surprise. Carlos Leitao, en particulier, s’est avéré un monument de pragmatisme et un véritable rempart contre l’hystérie politique et le populisme de gauche :

  • il a annoncé une politique de hausses graduelles du salaire minimum pour les trois prochaines années, évitant de sombrer dans le populisme ontarien avec son salaire à 15$;
  • il a piloté une réforme permettant le vente de vins québécois en dépanneur;
  • il a évité la surenchère facile des hausses excessives des taxes sur le tabac (les ayant haussé qu’une seule fois);

Il peut compter sur l’appui indéfectible de Martin Coiteux dans ses prises de position et ainsi amener le gouvernement à adopter des politiques sensées et intelligentes pour la croissance, le développement et la prospérité du Québec.

On est souvent durs avec nos politiciens, mais il faut savoir apprécier les bons qu’on a, surtout s’ils sont au pouvoir. Le dossier du cannabis, entre autres, est en train de littéralement révéler Carlos Leitao et Martin Coiteux comme parmi les politiciens les plus éclairés de leur génération.

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