Québec veut s’attaquer aux dépanneurs, vapoteries et restaurants-minute à proximité des écoles
Pendant que les dépanneurs s’affairent soir et matin à la sueur de leur front à offrir un service essentiel de proximité, à se conformer aux lois et réglements et à récupérer à perte les bouteilles vides sales et pleines d’insectes, ces derniers n’ont aucune idée — mais vraiment aucune — de ce qui se trame dans leur dos dans les officines du gouvernement.
En effet, une armée de technocrates grassement payés à la solde du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) oeuvre avec une passion dévorante à trouver des façons nouvelles, songées et originales de réglementer, restreindre, proscrire, réduire, limiter et prohiber l’éventail de produits populaires offerts par les dépanneurs et autres (tabagies, vapoteries, petites épiceries et restaurants-minute) pour la simple et bonne raison qu’ils procurent du plaisir.
Cette armée fait partie d’un complexe qu’on pourrait qualifier de « prohibito-industriel » puisqu’on y retrouve à la fois un think tank scientifique (soit l’INSPQ ou l’Institut national de santé publique du Québec), une phalange formée de groupes de lobbying clandestins, opaques et subventionnés jusqu’aux oreilles (dont l’ASPQ ou l’Association pour la santé publique du Québec) et un amalgame de médecins fonctionnaires mal payés (DSP ou directeurs de santé publique) qui subliment leur frustration financière en se posant comme de grands architectes du bonheur collectif, une vision commode car justifiant tous les abus.
Or, les gains spectaculaires obtenus en matière de tabac et de vapotage ces dernières années ont donné des ailes à ce mouvement pour qui, désormais, « le ciel est la seule limite ». Ils sont donc mobilisés à préparer une nouvelle génération de lois, réglements et interventions gouvernementales entre autres pour contrôler l’offre alimentaire et de produits pour adulte offerts près des écoles.
Car qui osera faire obstacle à de telles ambitions? Votre député? Voyons donc.
AVERTISSEMENT: si votre dépanneur est situé à 750 mètres ou moins d’une école à vol d’oiseau, vous êtes à risque!
Avalanche d’études sur le sujet
Depuis 10 ans environ, l’INSPQ carbure à la production d’études illustrant la proximité géographique des dépanneurs, restaurants-minute et des vapoteries à proximité des écoles.
En 2009, une première du genre est sortie, suivie ensuite par des portraits régionaux détaillés sur l’ensemble de « l’environnement bâti » dans les années subséquentes (voir ici, ici, ici et ici).
Ces études ne se contentent pas de recenser ou de cataloguer, mais bien de montrer du doigt une nécessaire intervention de l’état pour contenir ce « fléau » de santé publique.
« La plupart des études scientifiques montrent des liens significatifs entre les caractéristiques de l’environnement bâti, et l’alimentation, l’activité physique et le poids corporel des jeunes. Les éléments qui semblent les plus associés au poids et aux habitudes alimentaires des élèves sont les densités des dépanneurs et des restaurants-minute dans le voisinage de l’école. » — L’environnement bâti autour des écoles et les habitudes de vie des jeunes, INSPQ, Juillet 2014
Autrement dit — et même si on emploie ici le mode conditionnel — le verdict est sans équivoque: la présence de dépanneurs près des écoles est très nettement corrélé à une problématique de santé chez nos jeunes. La prohibition — et non l’éducation — s’impose d’emblée comme étant la seule voie sérieuse d’intervention pour s’attaquer efficacement à de telles problématiques.
Ce filon est loin de s’estomper puisque la dernière étude ne date pas plus tard qu’en juin dernier et concerne cette fois les vapoteries.
Selon l’INSPQ , 299 vapoteries seraient présentement situées près d’un établissement d’enseignement. On dénombrerait une école secondaire sur six environ (15,9 %) avec une vapoterie à 750 mètres ou moins et près de la moitié des collèges (48,8 %) avec une dans un rayon de 1000 mètres.
Carte interactive en ligne
Mais ce n’est pas tout. Québec met à la disposition de son armada de fonctionnaires un outil redoutable, soit une carte interactive sur les données socio-sanitaires des Québécois, dont la présence relativement proche des dépanneurs et restaurants-minutes près des écoles fait partie.
Ainsi, en vous rendant sur le site de l’Observatoire cartographique des environnements liés aux habitudes de vie et à la petite enfance (et moyennant que vous êtes familier avec l’informatique), vous verrez en clin d’oeil si vous êtes à risque ou non.
Projets pilotes de réglementation
En terminant, et pour ceux tentés de hausser les épaules devant une telle menace, sachez que le processus d’exclusion est déjà entamé.
Aux États-Unis, selon l’INSPQ, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) proposent que les États utilisent des règlements de zonage afin de limiter la présence de certains commerces d’alimentation (ex. : restaurant-minute, dépanneur) et de créer des environnements plus favorables aux saines habitudes de vie.
Au Québec, on avance que les municipalités québécoises n’ont pas les mêmes pouvoirs, mais que « des études récentes ont tenté de vérifier si, dans le contexte de la législation québécoise, il serait possible de limiter la présence de commerces d’alimentation « nuisibles » aux saines habitudes de vie »! Source: INSPQ, page 37)
Il faut comprendre ici que les commerces « nuisibles » selon l’INSPQ sont les dépanneurs. Le gouvernement l’écrit noir sur blanc: ils nuisent à la santé publique!
Heureusement selon l’INSPQ, il existerait « dans la loi actuelle sur l’aménagement et l’urbanisme certains outils permettant aux municipalités de limiter la présence de certains commerces non compatibles avec leur environnement immédiat ».
Les mercenaires du lobbying de l’ombre à la solde du MSSS sont ainsi déjà à l’oeuvre pour convaincre les municipalités « d’innover » en restreignant la présence de dépanneurs et de restaurants-minute ou encore, leur offre de produit.
D’ailleurs, en 2010, suite à un projet de l’ASPQ, trois municipalités étaient en voie d’adopter des règlements limitant l’implantation de restaurants-minute autour des écoles. Lavaltrie aurait même adopté en 2010 une résolution prévoyant l’interdiction de l’implantation de restaurants-minute dans un rayon de 500 mètres autour des écoles. À l’automne 2012, Rosemère aurait adopté un nouveau règlement où les usages de restauration sont limités à la restauration avec service complet autour des écoles.
L’ASPQ est donc fort active dans le dossier (voir ici), a même publié un rapport sur la question (voir ici) et si les restaurants-minute sont visés en premier, soyez assurés que les dépanneurs suivront juste après.
Et si tout cela se concrétise, on clamera haut et fort que le Québec « retrouve enfin sa position de leader dans les mesures de santé modernes et avant-gardistes ».
Ainsi, voyez vous, la prohibition est comme la comptabilité. Tout devient possible quand on est créatif!