Une bonne solution : cartage obligatoire pour le cannabis

Le débat fait rage présentement entre le gouvernement (en particulier les autorités de santé publique) qui, d’une part, indique n’avoir aucunement l’intention de permettre la vente de cannabis en dépanneur par crainte de “banaliser” le produit et le fondateur de Couche-Tard, Alain Bouchard, qui prend personnellement la parole pour défendre la position opposée à l’effet que ce serait une grave erreur de confier ce produit à un réseau spécialisé dont on ne sait rien.

M. Bouchard fait aujourd’hui une sortie remarquée dans le Journal de Montréal dans lequel il présente ses arguments de manière convaincante. Il indique notamment que :

  • Pour garder les prix bas et contrer le crime organisé, le produit doit être disponible et le réseau de détaillants doit être efficient et compétitif;
  • Sa chaîne fait montre d’une très grande responsabilité vis-à-vis la vente de produits pour adultes tel le tabac et l’alcool, et subit de nombreux contrôles;
  • Le Québec pourrait devenir un leader mondial dans le domaine s’il était le premier à légaliser la vente ouverte dans un réseau commercial.
Le fondateur de Couche-Tard, Alain Bouchard, prend la défense de l’industrie des dépanneurs aujourd’hui afin de permettre la vente de cannabis en dépanneur.

Une bonne solution pour débloquer l’impasse serait d’autoriser la vente de cannabis en dépanneur avec cartage obligatoire.

  • Le cannabis deviendrait ainsi le premier produit pour adulte au Québec à exiger une carte d’identité peu importe l’apparence physique de la personne;
  • Le gouvernement pourrait exiger que tous les dépanneurs qui offrent le produit ait un système intégré à leurs caisses enregistreuses qui bloque une vente de cannabis tant que la carte n’ait pas été lue optiquement;
  • Cette précaution viendrait assurer une prévention de vente aux mineurs quasi-parfaite, de l’ordre de 99,9 %.

En effet, l’accès du cannabis aux mineurs est l’une des principales préoccupations de l’État lorsqu’il s’agit de permettre la vente en dépanneur.

Cette semaine, le ministère de la Santé et des Services sociaux a organisé deux journées de réflexion sur la légalisation du cannabis au Palais des Congrès à Montréal.

Une foule d’experts — médecins, pharmacologue, professeurs, et autres — ont été invités à faire le tour de la question en amont de la législation québécoise.

Un des experts présents, Jean-Sébastien Fallu, Ph.D. en psychologie et professeur agrégé à l’Université de Montréal, a bien résumé le dilemme du gouvernement.

Toute la discussion sur la nocivité du produit, explique-t-il, n’est pas pertinente dans l’actuel débat sur la légalisation, car le problème, dit-il, est essentiellement relié à la prohibition et au fait que sous la prohibition, le produit est très accessible aux jeunes sans aucun contrôle de l’État.

Quand au fait que la vente légale viendrait “banaliser” le produit, l’expert prévient qu’il ne sert absolument à rien de stigmatiser le produit non plus.

Là où le chercheur dessine une ligne dans le sable, toutefois, est l’âge minimum d’accès de ce produit, soit 18 ans, un âge qui doit être établi en fonction du fait que la personne est capable et mûre de faire des choix par elle-même et non pas en fonction de la nocivité réputée du produit selon son âge.

Le gouvernement a donc pour défi de rendre le produit largement accessible légalement pour l’enlever au marché noir tout en contrôlant la vente et en empêchant l’accès aux mineurs.

Selon le quotidien La Presse, le ministère de la Santé et des Services sociaux aurait déjà fait son lit quant à ne pas vendre ce produit dans les dépanneurs. Mais si c’est le cas, le problème demeure entier : il existe 6 500 dépanneurs environ et 1 500 épiceries et supermarchés, pour un total de 8 000 points de vente. Si le gouvernement n’autorise la vente de cannabis que dans des magasins spécialisés, combien en aura-t-on? 100? 200? Comment le gouvernement peut-il rendre ce produit accessible avec seulement quelques centaines de points de vente?

Permettre la vente de cannabis en dépanneur avec cartage obligatoire serait une bonne solution pour dénouer l’impasse : ce serait une première mondiale et cela permettrait de rendre le produit disponible, d’enlever le marché au crime organisé et d’assurer les autorités de santé publique que ce produit restera hors de portée des mineurs.

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