Vapotage sur le Net: les commerçants excédés par l’hypocrisie d’une loi à deux poids, deux mesures

Boutiques en ligne anonymes ou étrangères, offre à gogo de produits de vapotage sur les réseaux sociaux et dans les applications de partage, visite virtuelle dans un supermarché de cannabis, bref, tout est permis sur Internet lorsqu’il s’agit de vendre ou promouvoir des articles de vapotage et/ou de cannabis sauf quand il s’agit de petits commerçants ayant pignon sur rue.

En effet, alors qu’il est relativement facile pour les inspecteurs du MSSS de sévir contre les commerçants établis qui oseraient publier une photo d’article de vapotage ou un accessoire de cannabis sur leur page facebook, c’est autre chose quand de telles publications proviennent d’individus anonymes qu’il faut retracer, contacter, identifier et piéger afin de pouvoir les poursuivre devant les tribunaux… une tâche si énorme et pour si peu d’amendes que le gouvernement ne s’y attèle même pas.

Avec pour résultat que la commercialisation de la vape et du pot sur le net fait tache d’huile. Et si vous ajoutez à cela les géants comme Amazon qui s’en donnent à coeur joie (voir article ici) ainsi que les réserves autochtones qui sont mortes de rire, alors là vraiment, la cour est pleine.

Mais rien de mieux que de le constater de soi-même, d’où ce tour d’horizon en images au coeur du far-west de l’internet dans lequel, face à un chat dégriffé et émasculé, les souris se plaisent à danser.

weedjahbox
Sous le couvert de l’anonymat, il est possible de vendre et promouvoir des articles de cannabis et de vapotage sans réel risque d’être inquiété par le MSSS. Sur la photo du haut, ce site québécois appelé WeedJahBox.com offre une vaste gamme de produits et accessoires de cannabis de façon anonyme et sans qu’on puisse l’associer à un commerce ayant pignon sur rue. Et ce n’est que l’un des nombreux sites offerts, la plupart étant basés à l’étranger mais pouvant livrer au Québec.
Vapotage et accessoires en ligne 

La loi québécoise sur le tabac révisée en 2015 stipule que tout article de vapotage sans exception, fluides et accessoires inclus, sont légiférés comme s’il s’agissait de tabac et il en va de même pour les accessoires de cannabis. Ces produits sont soumis au même régime strict et sévère de censure que le tabac, c’est-à-dire une interdiction quasi-totale de promotion, d’affichage et de publicité sous quelque forme que ce soit, physique ou électronique, mis à part certaines exceptions bien précises et encadrées.

Les 450 vapoteries et 5000 dépanneurs n’ont ainsi pas le droit de présenter leur nouveauté vape sur facebook comme les biéristes le font pour leur dernière IPA, un règlement très largement respecté par des commerçants visités souvent, surveillés de près et souvent fort échaudés par les inspecteurs du gouvernement.

En revanche, il est facile pour des revendeurs anonymes d’offrir leurs produits sur diverses plateformes sans grand risque de se faire prendre… comme on peut le voir ici.

facebook puffbar
Sur Facebook, dans la section “marketplace”, on peut y trouver à peu près tous les accessoires et articles de vapotage désirés dont ces vapoteuses STLTH très populaires. Les vendeurs étant inscrits avec des surnoms, ils courent peu de risque de se faire prendre.
articles interdits facebook
Toujours sur Facebook, les vapoteuses jetables sont très recherchées et tous les articles interdits suscitent, en général, beaucoup d’attrait.
vapoteuse facebook
Pour éviter les robots de censure de Facebook, les vendeurs ont recours à des noms de substitition comme dans cette annonce où l’on propose une “Small e-c” plutôt qu’une “e-cigarette” ou encore, une vapoteuse.

En plus de Facebook, on retrouve de tels produits facilement en général sur la plupart des plateformes de partage comme Instagram et même Snapchat. Cela, sans oublier bien sûr les pages d’annonces classées dont certaines comme Kijiji en comptent plus que d’autres.

vapotage à vendre sur kijiji
Le site gratuit d’annonces classées Kijiji regorge de produits de vapotage, qu’il s’agisse de liquides, vapoteuses de marques connues ou moins connues ou encore accessoires.
Vous cherchez du cannabis? En v’la!

Notre visite au pays des lois bafouées et ridiculisées du Québec ne saurait être complète sans un détour dans la réserve autochtone de Kanesatake.

La loi sur l’encadrement du cannabis interdit à quiconque d’y vendre du cannabis au Québec mis à part la SQDC. Et s’il y a bien entendu un marché noir depuis toujours, la légalisation a ouvert la porte à qu’on pourrait appeler un marché gris, soit celui des cabanes à cannabis qui se multiplient dans les réserves autochtones depuis quelques années et ne font aucun mystère de leurs activités illicites, comme c’est le cas pour le magasin The Green Room ici bas.

green room kanesatake cannabis
Le magasin Green Room situé à Kanesatake est un véritable supermarché du cannabis. En tout cas, certainement l’un qui marchent le mieux dans sa catégorie.
Ayant le pouvoir de vendre et d’exposer tout le cannabis qu’il veut et sous toutes ses formes, le point de vente connaît une croissance fulgurante comme le démontre ces photos avant et après, séparées de seulement quelques années.
Le client est accueilli par une vaste terrasse dans un site qui comprend un fumoir extérieur et un resto-camion Amir pour les fringales.
Ces produits à droite ne sont ni des tartes, ni des pâtisseries mais bien du hashish en grande quantité qu’on peut demander au comptoir au gramme ou au kilo comme du jambon dans un supermarché. À gauche, on y vend aussi du cannabis comestibles sous différentes formes comme ici, des brownies.
Les médias sociaux et grandes compagnies internet n’ont aucune difficulté à participer à leur promotion. On voit ici la page facebook de Green Room présenté comme un “dispensaire de cannabis médical” et une visite virtuelle 360 degrés permise par Google.
Enfin, tout le monde, mineurs compris, obtiennent un joint gratuit moyennant une simple évaluation sur Google! Qui dit mieux?
Des amendes trop faibles pour faire peur

Contrairement au tabac dont la vente illégale, en dehors des réserves autochtones, est passible de sévères amendes (voire des millions de dollars) et dont les réseaux souterrains, petits et grands, sont pourchassés sans fin par des escouades de police, les conséquences légales liées à la vente de vapotage ou d’articles de cannabis en ligne sont trop faibles pour faire peur. Le risque de se faire prendre est pour ainsi dire quasiment nul.

Les autorités ont de manière évidente d’autres chats à fouetter que d’empêcher le commerce du vapotage en ligne, d’autant plus que de sévir contre les propriétaires de sites internet est particulièrement ardu puisqu’il faut amasser la preuve que tel site appartient à telle personne ou entreprise, chose très ardue voire impossible si, en plus, le serveur du site est localisé à l’étranger.

Cette situation n’en demeure pas moins inacceptable pour les petits commerçants qui en veulent tout autant au MSSS qu’au législateur dont les lois et réglements irréalistes font en sorte de créer ces systèmes à deux poids, deux mesures qui pénalisent les comportements honnêtes.

“Le constat est très décevant. Les commerçants respectent la loi pendant que d’autres en profitent pour répondre à une demande monstre avec des produits de mauvaise qualité et qui peuvent mettre la santé des utilisateurs à risque”, de déclarer un propriétaire de boutique d’articles de fumeurs sous le couvert de l’anonymat.

Lors du second confinement décrété en décembre dernier, l’intensité de la vente au noir de vapotage a nettement augmenté suite à la fermeture temporaire des 450 vapoteries. Advenant qu’elles ferment pour de bon si le gouvernement interdit les saveurs au printemps, il est assuré qu’une très grande partie de la demande — sinon la quasi-totalité — va se déplacer en ligne et tomber dans les mains de la racaille anonyme.

Or, tandis que les pouvoirs publics se creusent les méninges pour relancer le commerce de proximité et mettre fin à l’épidémie des locaux vides et des artères désertées, le gouvernement semble tout faire pour leur mettre des bâtons dans les roues… sans jamais vraiment nuire à l’accès aux produits de vapotage chez les jeunes, bien au contraire.

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