Vente de pot en dépanneur? Penses-y même pas!

On apprend ce matin dans le quotidien La Presse, par la plume du journaliste Denis Lessard, que Québec exclut d’emblée confier la vente légale de marijuana aux 7 000 dépanneurs du Québec.

Le groupe présidé par la ministre déléguée à la Santé publique Lucie Charlebois a semble-t-il d’entrée de jeu éliminé l’hypothèse de confier aux dépanneurs la vente du cannabis récréatif. Un rapport de la Direction de santé publique, à la fin de 2016, repoussait déjà l’idée de confier aux dépanneurs la vente du pot.  – La Presse

Joint au téléphone pour connaître sa réaction, Michel Gadbois, président de l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA), s’est dit peu surpris de cette orientation mais quand même déçu.

La raison principale pour laquelle la marijuana est légalisée est d’enlever ce marché au crime organisé. Pour ce faire, la marijuana doit être commercialisée largement et disponible partout, sinon ça ne changera rien. De rendre ce produit en vente libre par un nouveau réseau privé spécialisé dont on ne sait rien mais qui, visiblement, devra être rentable sur la base de ce seul produit, n’augure rien de bon pour ce qui est d’atteindre l’objectif visé. On verra certes des boutiques dans les grandes villes mais en région, le produit demeurera très peu accessible. De sorte que le crime organisé continuera sa mainmise et les jeunes pourront en acheter autant qu’avant en transigeant avec des criminels. – Michel Gadbois

Le président de l’AQDA est d’autant plus déçu que le gouvernement fait tout pour réduire à néant le marché du tabac sans offrir aucune autre alternative aux dépanneurs qui tirent encore un large revenu de cette catégorie de produits. La vente de marijuana en dépanneur aurait ainsi pu contribuer à compenser en partie la baisse de revenus du tabac dans les années futures et maintenir en place un réseau de commerces de proximité qui est le plus grand collecteur de taxes au Québec, qui génère 55 000 emplois directs partout au Québec et sur lequel repose la vitalité de Loto-Québec, la SAQ et combien d’autres sociétés d’État et fournisseurs de produits.

J’ai de la difficulté à comprendre la logique des fonctionnaires de la Santé publique dans ce dossier étant donné qu’ils sont contre la légalisation en partant. Ils n’ont pas de choix de la faire mais veulent la limiter au maximum, ce qui est très paradoxal et contreproductif. Par ailleurs, ils devraient se coordonner avec les provinces limitrophes pour éviter du traffic interprovincial et aussi, se pencher sérieusement sur la cas des réserves autochtones : vont-ils légiférer là aussi et si oui, comment? – Michel Gadbois

Joint par courriel, le ministère de la Santé et des services sociaux (MSSS) ne confirme pas l’information révélée ce matin et indique que la réflexion est toujours en cours. Bien sûr, tant qu’il n’y aura pas d’annonce officielle, telle sera la position du MSSS. Mais tout porte à croire que les orientations livrées ce matin par le journaliste sont bel et bien celles qu’adoptera le ministère sous peu.

Chose certaine, que les dépanneurs « soit exclus d’emblée » comme partenaire potentiel pour la distribution de cannabis récréatif donne l’impression que les fonctionnaires de la santé et même le gouvernement éprouvent très peu d’estime face au réseau des 7 000 dépanneurs du Québec, qui semble à leurs yeux n’être rien d’autre qu’un vecteur de propagation de tous les vices imaginables, qu’il s’agisse de tabac, d’alcool, de malbouffe et j’en passe.

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