Harnois : premier réseau d’essence avec bornes électriques

Une station d’essence qui offre aussi de l’électricité : sommes-nous bel et bien en train d’assister à un tournant?

Il semble bien que oui et c’est Harnois Groupe pétrolier qui, le premier, se jette à l’eau avec l’annonce, le mois dernier, de l’installation de ses premières bornes de recharge électrique FLO.

Cinq dépanneurs corporatifs avec essence Esso ont été choisis pour l’installation des 10 premières bornes. Chaque site comprendra une borne de recharge rapide et une borne de niveau 2. Les deux  bornes couvrent l’ensemble des besoins des « électromobilistes », qu’ils conduisent un véhicule entièrement électrique ou hybride rechargeable. Les bornes rapides rechargent la plupart des véhicules électriques en 20 à 30 minutes, tandis que les bornes de niveau 2, compatibles à la fois avec les véhicules électriques et hybrides rechargeables, procurent jusqu’à 50 km d’autonomie en 90 minutes, selon le communiqué d’Harnois.

 

Borne standard FLO de 240 volts qui permet une recharge complète entre 3 et 4 heures. Compatible avec tous les véhicules 100% électrique et hybrides rechargeables.

 

Borne rapide de 400 volts qui permet une recharge en 20-30 minutes seulement, mais compatible seulement avec les véhicules munis du port de recharge CHAdeMO et SAE Comb.

Ce ne sont pas les premières bornes au Québec, bien sûr : il s’en installe un peu partout présentement dans les résidences, les blocs à appartement, sur la voie publique, dans les centres commerciaux, annexés à centres de location de véhicules, etc.

Le Québec fait oeuvre de pionnier dans le déploiement de l’infrastructure électrique : Hydro-Québec, la Caisse de dépôts et de placements et le manufacturier québécois de bornes AddÉnergie sont à l’avant-garde dans le domaine.

Ainsi, au 28 février 2017, le « circuit électrique » (une initiative d’Hydro-Québec) comptait 805 bornes de recharge pour desservir 13 842 véhicules électriques. FLO pour sa part indique exploiter 1200 bornes à travers le Québec. Le réseau s’élargit à raison de centaines de bornes par année et cela ne cesse d’augmenter.

Mais ce qui est intéressant ici est le fait qu’Harnois soit le premier réseau d’essence à se doter de telles bornes.

La question est donc de savoir ce qu’attendent les autres, surtout quand cela fait déjà cinq ans que les bornes s’accumulent partout au Québec.

On pourrait penser à prime abord que les stations d’essence sont réticentes à l’idée de vendre de l’électricité par crainte de cannibaliser leur principale source de revenus. Mais ces raisons ne tiennent pas la route.

Il est fort probable que la lenteur d’adoption tienne davantage aux facteurs suivants :

  • la faible demande : avec seulement 14 000 voitures hybrides ou électriques au Québec sur un parc automobile de 4,5 millions de véhicules (2014), on parle ici de 0,3 % du marché, soit une portion encore microscopique. Le pétrole a de beaux jours devant lui et qu’on le veuille ou non, demeure la source d’énergie la plus économique qui soit.
  • les coûts : si l’on se fie à l’investissement de 350 000 $ annoncé par Harnois pour cinq stations, une installation électrique coûterait en moyenne 70 000 $ par station : pas évident à rentabiliser (d’où la nécessité de subventions)!
  • l’espace : pour un aménagement de qualité, il faut de l’espace pour une, voire deux bornes (rapide et de niveau 2) ainsi que de l’espace de stationnement à moyenne durée car une recharge peut prendre jusqu’à 90 minutes. Donc, pas question d’utiliser un espace de stationnement situé directement face au magasin pour nuire aux allées et venues de la clientèle. Il faut de l’espace de stationnement sur le côté du magasin ou autre.
  • le temps d’attente : un dépanneur doit idéalement pouvoir accommoder un client qui doit attendre une heure et demie pour sa recharge, donc au minimum être doté d’une aire de restauration ou une salle d’attente.

Reste que même à 0,3 % du marché, il est prévisible que ce taux ne cessera d’augmenter, sans compter le fait qu’il s’agit d’une contribution à l’environnement. Et puis, si le gouvernement offre des subventions, pourquoi ne pas en profiter?

Tout ça pour dire que les autres réseaux emboîteront sans doute le pas à Harnois dans les mois et les années qui suivent, chacun à leur rythme. Mais ça prend toujours bien un premier, et dans ce cas-ci, c’est Harnois qui se positionne devant les autres. On ne peut certainement pas le lui reprocher!

 

 

Photo en tête d’article : Serge Harnois, président-directeur général de Harnois Groupe pétrolier et Louis Tremblay, président et chef de la direction d’AddÉnergie au Esso Le magasin à Saint-Adèle (Groupe CNW/Harnois Groupe pétrolier).

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